Chère femme de militaire
Témoignages

Chère femme de militaire, tu ne savais pas tout ça. 

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Voici une lettre émouvante qui s’adresse aux femmes qui ont perdu leur soldat. Certes elles n’ignoraient pas le risque bien réel de cet engagement. Mais quelques secondes suffisent pour qu’un jour la peur devienne réalité. Chère femme de militaire, tu ne savais pas tout ça…

Tu n’ignorais pas tout cela…

« Tu savais ». Combien de fois as-tu entendu ces deux mots. Deux mots, perdus au milieu d’un discours anodin. Deux mots, au fond, prononcés avec candeur. Deux mots que ton entourage t’aura dit bien souvent avec naïveté, comme un encouragement maladroit : « Tu savais, allez, sois forte. » Et pourtant, toi qui sais, oui qui sais, que l’ignorance courante n’est pas forcément dénuée de bienveillance, bien des fois tu as reçu ces deux mots comme un poids d’injustice. 

Chère femme, toi qui as choisi d’unir ton destin à celui d’un militaire, ce serait inexact d’affirmer que tu ne te doutais pas des conséquences de ton engagement.

Tu n’ignorais pas qu’il te faudrait partir parfois très loin de ta famille et de tes amis. Tu n’ignorais pas qu’il te faudrait souvent empaqueter et dépaqueter seule tous vos biens pour les emmener sur une terre inconnue que tu devras t’approprier très vite avant de fouler, plus vite encore, d’autres planchers. Tu n’ignorais pas non plus qu’il te faudrait dire « au revoir » souvent, et pour longtemps, recevant ainsi les galons du capitaine de la maison. Non, tu n’ignorais pas tout cela.

Tu l’as déjà lu maintes fois d’ailleurs : Tu es une femme indépendante, une super-maman, une reine de logistique, une impératrice des papiers et des cartons de déménagement. Alors tu n’as pas besoin de le relire, car ça, oui, tu le sais déjà. 

Tu auras aussi deviné que la vie te demandera plus de fois d’ébranler tout ce que tu as construit, d’abandonner, de faire de la place pour ouvrir ton cœur à d’autres lieux, d’autres personnes. Mais il battra chaque jour avec constance : des joies, des peines, des colères, des surprises… La vie, en somme. 

…mais tu ne savais pas tout ça

Ce que tu ne savais pas, c’est ce que ton bon sens, ton discernement et ton courage auront caché pour toi : un sentiment exacerbé de vide ressenti trop souvent à qui, au moins une fois, succèdera la peur.

Cette peur là, tu sais laquelle… Elle est ton épée de Damoclès. Elle est le sentiment redouté que le quotidien engloutit. Elle est l’idée que tu oublies dans les périodes d’accalmie. Tu lui redis bonjour à chaque départ, et tu lui claques la porte au nez à chaque retour.

Cette fois-ci, ils auront eu de la chance. Mais elle est aussi le bagage que tu porteras toute ta vie car la chance est une chose fragile. Et quelques secondes suffisent pour qu’un jour, la peur vienne t’accueillir comme une vieille amie.

Chère femme de militaire, tu ne savais pas tout ça

Et toi particulièrement que la chance a quittée, tu portes sur tes épaules le poids de ceux que la peur attend encore. Mais dans ton cœur vaillant peuvent reposer en paix ceux qui sont partis… Alors à toi, qui dans l’ombre as offert ton cœur pour la Patrie, à toi l’Honneur. 

 

 

 

Signé : une autre femme de militaire qui puise chaque jour sa force dans ton courage exceptionnel  

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