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Témoignages

L’admiration d’une femme de militaire

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Cette femme de militaire admirative c’est moi, Anne, la rédactrice du Blog !

Le 3 janvier 2022, une jeune femme,  me contacte car son compagnon venait de partir pour une longue durée. Elle avaient 1001 questions. Rapidement je comprends qu’il s’agit d’une circonstance particulière. Justine n’est pas femme de militaire mais a découvert le blog en recherchant de l’aide, du soutien. Elle m’apprend qu’elle entame une longue absence … de 14 mois ( non il n’y a pas de fautes de frappe). 14 mois ! Partagée entre tristesse et admiration, j’ai eu le privilège de partager quelques discussions au fil de ses longs mois. Tant de points communs avec une vie de femme de militaire. Très peu ou pas de contact, une vie chamboulée à l’annonce, des choix à faire, des retards, la peur, le manque, les « tu le savais  » « ça va passer vite ». J’ai été marqué par le courage de ce couple que 12000 Km ont séparé. Travaillant à l’institut polaire Français, les conditions de travail sont très rudes et demandent un sacré courage !

A la fin de cette mission, Justine m’a fait l’honneur de coucher ces mots sur le papier. D’abord pour elle, mais ensuite pour d’autres ! Pour créer le contenu qu’elle aurait souhaité lire en cherchant des réponses sur internet. C’est une beau témoignage d’amour, de force ! Bien sur  la tristesse, le doute et la solitude étaient bien de fidèles compagnons tout au long de leur séparation. Mais ce jeune couple en sort grandit et plus fort. Je ne peux les féliciter pour cet beau travail au service de leur couple.

Lisez l’épilogue…C’est assez fou !

Notre vie à 2 commence !

Septembre 2020 j’emménage dans l’appartement de mon compagnon, premier emménagement ensemble;
ravis et excités tous les 2 de cette nouvelle vie qui commence.
Seulement 2 semaines après je reçois un message de mon chéri « il y a des postes d’électroniciens en
Antarctique » ma réponse fut à la hauteur du sérieux que je pensais du message « postule » sans
comprendre que ce dernier aurait un énorme impact sur nos deux prochaines années. Les semaines
passent et je comprends que mon chéri garde l’idée bien en tête et qu’il est complètement sérieux, il
m’explique en quoi consiste le poste d’électronicien dans les Terres Australes et Antarctiques françaises.
Ce sera pour 1 an sans possibilités de retour, avec uniquement 4 bateaux par an de réapprovisionnement. Je
commence à comprendre ce qui allait se passer, mais sans trop réaliser, car à ce stade il n’avait même pas
encore passé les recrutements.

En attendant la réponse, j’ai peur

Sa candidature est lancée, il m’a demandé beaucoup d’aide pour écrire sa lettre de motivation, ce que j’ai
fait sans lui montrer qu’au fond je ne voulais pas de ce poste. Mais voyant à quel point cela devenait un rêve
pour lui, m’empêchait  de lui montrer ce que je ressentais vraiment.
Sa candidature est retenue pour son plus grand bonheur, il enchaîne les tests médicaux et psychologiques
et doit attendre les résultats pendant plusieurs semaines ce qui nous paraît interminable. Pour moi
l’angoisse monte énormément.
Un jour de mai, durant ma journée de travail, je reçois un message de mon chéri « je suis pris pour
Kergueulen », à ce moment-là mon monde s’écroule, je ne peux même pas me réjouir pour lui, je
m’éfronde et comprends réellement ce qui va se passer. Dans quelques semaines il partira pour 12
mois sans possibilités de visite. A ce moment la je passe des jours entiers à pleurer, mon compagnon portait la culpabilité de me faire autant de mal mais son rêve ne lui échappait pas.

La préparation

Les semaines s’enchaînent, les modalités de départ se mettent en place et j’apprends qu’il ne part pas 12
mois mais 14, à ce moment c’est extrêmement dur, je me renferme sur moi et je subis toutes ses
préparations de départ.
Septembre arrive nous rendons notre appartement en commun, quelle étape symbolique, le nid que nous
avions fondé ensemble n’est plus que souvenir et moi je me prends un nouvel appartement à Paris. Je
commence un nouveau travail dans cette même ville.
La date du départ avec la réception des billets d’avion devient officielle, je suis dévastée, c’est concret, je
me demande comment je vais réussir à le laisser partir. Mais l’amour étant plus fort que ça je devais le
laisser faire cette expérience incroyable qu’est de travailler dans les Terres Australes et Antarctiques
françaises…

Le célibat géographique en XXL

Le fameux jour arrive, je retrouve mon compagnon à l’aéroport pour des aux revoirs déchirants, je ne
pouvais pas m’arrêter de pleurer, voir l’émotion sur le visage de mon compagnon, qui jusque là ne
montrait rien, était encore plus dur.
Le voilà parti pour 14 mois, les premiers jours ont été incroyablement durs, l’impression d’être en apnée,
ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre. Je savais que nous ne pourrions pas discuter comme nous le
voulions car internet était limité sur la base scientifique et nous aurions que 2 heures d’appels autorisés
par mois, mais j’avais espoir que les conditions soient plus laxistes une fois arrivé sur place.
Il a mis un mois à arriver sur l’île puisqu’à cause des conditions sanitaires un isolement de 15 jours était
obligatoire à la Réunion, puis il prenait le bateau pour une quinzaine de jours. La montée sur le bateau a
été brutale pour moi puisqu’il n’y avait aucune connexion internet, nous arrivions à échanger un seul mail
par jour.

Au bout d’un mois plus de communication

Lors des premières semaines de son arrivée à Kergueulen il avait internet dans sa chambre et nous
pouvions ainsi échanger quelques messages par jour, mais au bout d’un mois tout a été coupé…Plus
rien du jour au lendemain, à part à son bureau et dans les espaces de restauration, ce qui limitait
énormément les échanges puisque nous avions 4 heures de décalage horaire. Le premier appel fut
inoubliable bien que les minutes nous étaient comptées. Je trouvais ça tellement horrible, injuste, ne leur
laisser que 2heures d’appels alors qu’ils étaient tous coupés de leurs proches. A ce moment-là nous
échangions 3 ou 4 messages par jour.
Le premier bateau de réapprovisionnement allait passer, je lui ai préparé plusieurs colis, avec plein
d’attentions, de la nourriture, des lettres,… cela a vraiment été notre moteur durant l’année les colis,
même s’il n’y a eu que 4 occasions d’en recevoir. De plus je lui avais glissé dans ses affaires au départ,
des paquets à ouvrir à Noël, anniversaire etc.

Je vivais des départs dans le départ…

Également, avant son départ nous nous étions fixés 2 objectifs : ne pas se couper les cheveux durant les
14 mois, et se prendre mutuellement 2 photos par jour, un selfie et une photo « random », cela a vraiment été important, tous les jours quand il était possible j’avais la hâte de recevoir ses photos et inversement.
Les semaines défilent et mon chéri part de plus en plus en manipulations extérieures, c’est-à-dire qu’il
partait en dehors de la base pour une durée de quelques jours à pratiquement un mois, et pendant ces
manipulations je n’avais aucune nouvelle…c’était si dur, les plus durs durant ces 14 mois, aucune
possibilité de lui parler, je me sentais tellement seule dans ces moments-là car je vivais des départs dans le
départ.

Tu as accepté alors… ne te plains pas

J’ai comme toutes les personnes qui subissent un célibat géographique reçu les mêmes phrases
types « mais t’inquiète pas un an ça passe vite » « tu as accepté qu’il parte alors ne te plains pas ».
L’employeur de mon chéri n’a absolument jamais pris de nos nouvelles, il n’y avait aucun suivi de famille
et j’ai trouvé ça déplorable.

On voit enfin le bout du tunnel

Les routines que nous avons rapidement mises en place m’ont également beaucoup aidé, 1 appel
obligatoirement la veille des départs en manip extérieurs et 1 appel à son retour.
Les mois avancent bien, nous avons une petite routine et arrivons à échanger quelques messages chaque
soir, les colis que je lui confectionne et ceux qu’il me fait tiennent notre couple éveillé. Et je commence à
sérieusement préparer mon voyage à la Réunion pour le retrouver, à ce moment-là, la hâte prend vraiment
le dessus et je commence à sortir la tête de l’eau, je vois enfin le bout du tunnel.
A quelques semaines seulement de son retour, mon compagnon m’annonce que le bateau qui doit les
emmener à la Réunion est en panne et qu’il aura une semaine de retard, cela me paraît interminable.
Mon départ à La Réunion arrive et Arthur est bloqué en mer par un cyclone et le retard s’accumule
encore. Il finit par débarquer et les retrouvailles sont à la hauteur de l’attente. Cette absence nous a fait
revivre tous les premiers moments et c’était MAGIQUE.
Alors à toutes celles qui sont dans l’attente : COURAGE.

Epilogue

14 juin 2023, j’ai des nouvelles. « Mon compagnon change de boulot et débute dans la marine ». Enfin la marine marchande. Il aura « juste 6 mois d’embarquement » par an. C’est fou comme tout est relatif. L’équivalent des « petits terrains » pour nous finalement !

Bon vent à tous les deux

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