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Astuces et quotidien

La sécurité à appliquer sur les réseaux sociaux quand on est militaire

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La sécurité à appliquer sur les réseaux sociaux quand on est conjoint ou proche de militaire

Aujourd’hui, je vous propose un article au sujet plus que sérieux et qui, je l’espère, vous servira. Comment être présent, en toute sécurité, sur les réseaux sociaux, quand on est un conjoint ou un proche de militaire.

Vous avez été nombreuses à me poser des questions à ce sujet, j’ai donc pris contact avec une personne habilitée du ministère des Armées. Je la remercie d’ailleurs vivement d’avoir donné de son temps pour répondre à mes questions et aux vôtres et pour m’avoir apporté toutes les précisions dont je pouvais avoir besoin. 

Cet article se veut général, neutre et objectif. Je ne pose aucun jugement, je ne suis pas là pour jeter des pierres, il s’agit simplement de sensibiliser les uns et les autres aux risques liés aux cybermenaces présentes notamment sur les réseaux sociaux. 

Pourquoi il est important de faire attention

Tout d’abord je voudrais ici rappeler que dès lors que quelqu’un porte l’uniforme, il n’est plus une personne neutre. Tout ce que l’on fait en impliquant un uniforme doit être réfléchi. Un uniforme n’est pas un déguisement ou un faire-valoir. C’est bien l’institution militaire qu’il représente. Et de ce fait, le militaire a un devoir de réserve et de discrétion qui concernent notamment la politique et la religion quand il est dans la sphère publique. C’est une des raisons pour lesquelles on interdit aux soldats l’usage des réseaux sociaux dans les enceintes militaires.

En tant que conjoint, nous ne sommes pas assujettis au même statut, et heureusement. Néanmoins il paraît évident qu’il nous faut nous aussi mesurer nos paroles, nos actes, nos gestes pour ne pas porter préjudice à celui qui représente l’institution. Par exemple il est déconseillé de se servir d’un uniforme pour faire joli dans des photos, parce qu’il apporte “ce je ne sais quoi” qui pourrait faire une différence. Faire cela, c’est potentiellement porter atteinte à l’image du ministère des Armées. Il faut garder cela présent à l’esprit.

La vocation d’un militaire est la défense de son pays

Ensuite je voudrais ici rappeler que la vocation d‘un militaire est par essence la défense de son pays. De ce fait il peut avoir accès à des informations considérées comme plus ou moins sensibles. En tant que conjoints nous avons parfois vent de ces informations, auquel cas leur confidentialité repose aussi sur nos épaules et il paraît essentiel de ne pas en faire part sur les réseaux sociaux. Moins on en dit, plus on se protège, plus on les protège. Toute diffusion de contenus (textes, photos ou vidéos) peut en effet se révéler être une menace pour la sécurité du personnel de la défense, des opérations et de leur succès, dans la mesure où elle renseigne les personnes mal intentionnées. Concrètement par exemple ça veut dire pas de photos de son conjoint en OPEX, rien à propos de son rythme de patrouille ou d’entraînement.

Dernier point, comme vous le savez, depuis plusieurs années, le ministère des Armées comme le reste de la Nation fait face à une menace terroriste accrue, à l’étranger et sur le territoire national. Le simple fait d’appartenir à l’institution militaire fait d’une personne une cible privilégiée car facilement identifiable et lourde de symboles. Blesser un militaire, c’est blesser cette institution, c’est donc porter atteinte directement à notre pays. 

Un exemple de menace

Les terroristes maîtrisent parfaitement internet et utilisent les réseaux sociaux pour collecter données personnelles et professionnelles. Ceci dans le but de pouvoir entre autres choses exercer pressions et menaces plus aisément et ainsi de parvenir à leurs fins malveillantes. Voici un exemple, malheureusement non isolé, pour illustrer mes propos et montrer la réalité de la menace :

Un militaire en opération extérieure a publié sur son profil Facebook un message destiné à son entourage. Sa famille a dû être placée sous protection sur un site militaire après avoir reçu des menaces liées à ce message.

D’une façon générale, la conséquence majeure d’un partage sur les réseaux sociaux est la mise en danger du militaire et de sa famille, de l’institution à laquelle il appartient, et par là-même de notre pays. 

Comment faire ?

Cloisonnez !

Séparez sur les réseaux sociaux votre vie privée de votre vie professionnelle ou publique !

En pratique, cela signifie que, sur vos profils publics, rien de votre vie privée ne doit transparaître. Ne faites pas état de votre lien avec l’armée de façon précise.  Ne postez rien qui puisse permettre de deviner une fonction, une unité, un lieu géographique trop précis. Cela peut paraître anodin, une bande patronymique apparente par exemple. Essayez de ne pas montrer des visages de façon trop précise si vous y êtes amenés (un petit flou peut être bienvenu). Vérifiez systématiquement les arrière-plans de vos vidéos/photos avant de les publier (pas de sites militaires, de copains en tenue, etc.).

N’évoquez certainement pas les missions (passées, en cours et surtout à venir) ou l’emploi du temps, même partiellement : le silence est d’or.

Sur un compte familial privé et dont vous maîtrisez les accès, vous pouvez être plus souple mais aucune information importante concernant les activités de votre conjoint ne peut être exprimée précisément. Essayez de garder un minimum de flou même si on sait bien que c’est difficile, surtout dans les moments de séparation. Pas de décompte des jours avant retour, pas de distances précises… De la même façon, ne diffusez pas de photos et de vidéos informant sur le camp (entrée/sortie, agencement, etc.).

Mais ma famille ? Sa famille ?

Pour votre sécurité et celle de vos conjoints, prenez le temps d’en parler longuement avec eux si besoin, notamment avec les plus jeunes pour qui les réseaux sociaux font partie intégrante de leur vie.

Expliquez-leur que vous ne pouvez rien communiquer pour des raisons de sécurité et qu’en faisant a même chose, ils vous protègent. Pensez aussi à les remercier de leur effort.

Vous pouvez aussi, si cela arrive, leur dire qu’ils vous mettent dans l’embarras lorsqu’ils vous questionnent publiquement sur les réseaux sociaux, au sujet d’informations que vous ne pouvez pas communiquer.

Le besoin de vos proches d’exprimer leur ressenti concernant les missions ou activités peut les conduire à commettre malgré eux des indiscrétions. Vous pouvez les aider en leur communiquant les numéros de l’assistante sociale ou d’organismes dédiés, qui seront en mesure d’écouter leurs craintes, leurs joies ou leurs colères.

Si vos proches diffusent sur leurs profils publics une photo où trop d’informations apparaissent, indiquez-leur que vous ne souhaitez pas être identifiés vous et votre conjoint. Vous pouvez aussi demander à ce qu’ils floutent qu’ils floutent vos visages, vos yeux…

De la même façon, et sans sombrer dans la paranoïa, demandez-leur gentiment de ne pas vous tagger directement si votre conjoint ou vous-même apparaissez dans un média, même détenu par l’armée. Cela part d’une bonne intention, d’une fierté légitime, mais peut porter tort. 

Mais l’armée elle met des contenus sur les réseaux sociaux !

C’est vrai, mais ces informations sont extrêmement contrôlées, pesées au gramme près Des équipes images sont missionnées pour réaliser des photos et/ou des vidéos en opération. Ces reportages sont validés par l’État-Major des Armées avant d’être diffusés. Vous êtes d’ailleurs libres de diffuser ces informations puisque l’autorité les maîtrise en amont. Tout en suivant les mesures recommandées plus haut !

Je voudrais bien mais je ne sais pas faire

Voici de petits conseils pratiques :

  • Avant de créer un compte sur un réseau social : veillez à sécuriser vos adresses mail et vos terminaux (ordinateurs, smartphones, tablettes…) correctement. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les guides sur le site de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI : www.ssi.gouv.fr).

  • Au moment de la création de votre compte, assurez-vous que vos actions (publications, partage, « j’aime ») ne sont pas configurées par défaut en mode « public », mais qu’elles sont au contraire seulement accessibles aux contacts que vous autorisez (« amis/connaissances uniquement/ groupes fermés »). Cela bien évidement si vous êtes susceptibles de mettre un peu de contenu personnel dedans. Si vous êtes par exemple fleuriste et que vous postez vos créations, laissez libre cours à votre imagination créative, ne vous bridez pas !

  • Désactivez la localisation sur votre téléphone. Cela se fait facilement dans les réglages.

  • Vérifiez régulièrement les paramètres de confidentialité (modifiés sans préavis par Facebook, etc.) et profitez-en pour changer de mot de passe.  Ayez d’ailleurs des mots de passe différents pour vos différents comptes.

  • Préférez aussi l’utilisation d’un pseudonyme et/ou d’un avatar, afin d’éviter tout risque d’identification facilement trop précise. 

  • Sur un compte professionnel à visée d’entraide, de partage… ou tout simplement public n’oubliez pas de contrôler qui s’abonne à votre compte. Par exemple sur instagram, faites attention aux faux comptes ou “comptes fantômes” (ceux avec qui vous n’avez aucune interaction, qui ne sont là que pour grossir votre communauté ou qui attendent que vous vous abonniez en retour). Vérifiez régulièrement vos listes d’abonnés. Il faut y faire le ménage de temps en temps (comme partout finalement ! Personne n’aime les parasites, les vermines et autres virus). Ils ne seront pas informés de cette suppression. Mieux vaut avoir un nombre d’abonnés limités, mais de qualité.

En cas de doutes suite à un comportement menaçant sur les réseaux

Si malheureusement vous ou vos proches êtes victimes de propos injurieux, diffamatoires, racistes, sexistes ou menaçants :

1. Ayez immédiatement le réflexe d’en garder une preuve, faisant apparaître la date de celle-ci (capture d’écran, impression…).

2. Dénoncez immédiatement le compte auprès de la plate-forme fournisseur (Facebook, Twitter, Instagram…) en cliquant sur « Signaler ».

3. Signalez-le également sur la plate-forme du Gouvernement : https://www.internet-signalement.gouv.fr/PortailWeb/.

4. Rapprochez-vous de votre service juridique qui vous conseillera et vous aidera à engager les poursuites judiciaires adéquates : dépôt de plainte pénale/assignation devant le tribunal civil.

5. Faites remonter l’information à la hiérarchie militaire via votre conjoint.

A retenir

1er principe : rien ne disparaît sur les réseaux sociaux ! 

2e principe : Tout ce qui est publié (les données (photos, vidéos, messages…) et je dis bien tout, ne vous appartient plus. Vous pouvez lire dans les petites lignes de Facebook, Instagram, c’est très bien expliqué.

3e principe : toute publication est une porte d’entrée pour obtenir des informations concernant une personne ou une institution. Comment croyez-vous que nos services de renseignements trouvent leurs premières infos ? Imaginez maintenant les mêmes informations dans les mains de personnes malintentionnées…

Conclusion

N’hésitez pas à diffuser cet article, que chacun prenne conscience de ce qu’il peut améliorer pour aider ceux qui nous protègent ! Tout du moins ne pas les mettre en danger. En faisant cela nous participons, à notre échelle, à la défense de notre pays et de nos soldats. Et soyez certains que le ministère des Armées sait qu’il espère de vous est un gros sacrifice et qu’il vous en est reconnaissant.

Anne, pour les Aiglonnes

Merci au ministère des Armées pour son aide dans la réalisation de cet article sur la sécurité sur les réseaux sociaux quand on est conjoint de militaire.

 

4 Comments

  • NATHALIE MARTINEZ

    Merci pour cet article très complet qui oriente de façon précise les actions. Je pense que la cyber-sécurité est un sujet majeur. Femme de militaire depuis 30 ans, je suis affolée par ce que j’entends parfois (y compris de la part des militaires eux-mêmes mais c’est la même chose dans le civil). La solitude est mauvaise conseillère.

    Je n’ai pas trop compris la relation entre Lesaiglonnes (site super valorisant pour les femmes de militaires, je vous en remercie car personnellement « changer l’image des femmes de militaires » en soulignant leur incroyable potentiel et compétences me paraît une priorité) et women forces.

    Personnellement, je me suis construite toute seule professionnellement (=j’ai tout financé sans aucune aide) quand à 32 ans avec 3 enfants je me suis entendue dire qu’après 3 années d’inactivité il était impensable de prétendre revenir à l’emploi. J’ai été outrée. C’est comme cela que je me suis lancée dans le « coaching de carrière » (retour des cadres seniors à l’emploi) qui n’était pas du tout tendance à l’époque (côté « guerrière de la femme de militaire ») = retour à la fac avec un mari en opération etc… refaire son portefeuille clients tous les 2 ou 3 ans.

    En fait, ce que j’ai trouvé le plus pénible c’est plutôt DANS le monde militaire, ce sentiment d’être une rebelle parce que je « revendiquais » d’avoir une « identité professionnelle » distincte de celle de mon mari. C’est pour cela que j’adore l’iconographie de votre site. Elle fait entrer les femmes de militaires dans une dimension plus actuelle.

    • Les Aiglonnes

      Bonjour, merci beaucoup pour votre commentaire. Pour répondre à votre première interrogation, le lien entre les Aiglonnes et Women forces est de vouloir donner la parole et mettre en lumière les femmes de militaire. Il n’y a pas d’autres lien, personnel j’entends. Bravo pour votre expérience. C’est très désagréable d’avoir la sensation d’être la rebelle de la bande. Je préfère le terme du « saumon », plus valorisant, celui qui nage à contre courant. Nous essayons de reccueillir des témoignages, des idées, pour justement rester cohérentes et faire écho aux femmes de militaire d’aujourd’hui. Si vous souhaitez écrire sur ce blog sur un sujet en particulier, n’hésitez pas a nous contacter à l’adresse gmail des Aiglonnes. Anne

  • Lucie

    Bonjour, merci pour cet article très intéressant !
    Même si ces informations relèvent beaucoup du bon sens, cela permet d’avoir jn point de repère et de se fixer une limite  » clair  » entre ce qui est possible et ne l’est pas. Serait-il possible d’avoir un article sur la confidentialité hors réseaux sociaux ? Comme pouvoir discuter avec mes parents lorsqu’ils me le demandent du retour de monsieur, ce genre de choses

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