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Le célibat géo, raconté par une femme de militaire

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Pourquoi choisir le célibat géographique quand on est en couple avec un militaire ?

« Ma chérie, je viens de recevoir ma feuille de mutation ! ». Aïe… Qui n’a jamais entendu son compagnon rentrer le soir, brandissant avec fierté, ou dépit, sa feuille de mutation ? A ce moment précis, il nous vient alors des images d’un déménagement à organiser, d’un changement d’école à gérer, d’un préavis pour le travail à justifier,  des au revoir à fêter avec nos ami(e)s. Un nouveau départ vers une nouvelle destination.

La mobilité géographique répond à cet impératif pour les militaires d’être « appelés à servir en tout temps et en tout lieu » d’après l’article L. 4121-5 du code de la défense, et même si ce taux de mobilité est passé de 13,1 % à 11,7 %, il reste élevé pour les officiers et les sous-officiers selon le Haut Conseil d’évaluation de la condition militaire en 2018. 

Néanmoins, parfois le départ se fait sans l’autre car le couple et/ou la famille fait le choix du « célibat géographique » pour quelques mois, voire même plusieurs années.

Le célibat géographique

Le célibat géographique ? Qu’est ce que cela peut bien être? Le ministère des Armées nous indique que cela correspond « à la situation du militaire marié, pacsé ou en concubinage notoire, dont le conjoint réside à une distance du lieu de travail ne permettant pas au militaire de le rejoindre chaque soir lorsque l’intéressé n’est pas retenu pour des raisons professionnelles et que cette situation dure ou est appelée à durer plus de six mois ». Vous l’aurez compris, ce n’est jamais une situation très agréable. Heureusement pour vous, mesdames et messieurs, vous n’êtes pas seuls puisqu’une enquête de l’INSEE indique que le taux de couples non-habitants est plus important chez les militaires que dans l’ensemble de la société et particulièrement pour l’Armée de Terre à 15,7%. Et même si cette situation n’est pas un moment de plaisir, elle peut être vécue comme une opportunité pour le couple et/ou la famille d’être encore plus soudé qu’avant. 

« mais vous n’allez jamais vous voir?? »

En tout cas, c’est ainsi que je souhaite présenter ce vécu du « célibat géographique ». A peine rencontrés, direction l’opération Barkane, puis une mutation de deux ans en Guyane pour mon compagnon, tandis que je sortais tout juste de mes études supérieures. Ce choix à mes yeux me paraissait rationnel afin que je puisse valider une première expérience professionnelle en France métropolitaine. Cette décision peut un jour s’imposer à toutes et tous pour diverses obligations. Néanmoins, l’objectif est de rester optimiste et positif pour répondre à cette situation pour le moins atypique. Il n’y a pas de recette miracle, juste beaucoup de patience, quelques gouttes de courage avec un subtil mélange d’amour et d’espoir. Forcément, il est possible d’entendre des phrases toutes aussi sympathiques et maladroites les unes que les autres : « Je ne sais pas comment tu fais », « Je ne pourrais pas si j’étais toi » ou encore « Mais vous n’allez jamais vous voir ». Certes, je ne sais pas comment je fais, non personne n’est à ma place et évidemment que nous n’allons pas nous voir tous les jours. C’est un constat mais non une épreuve insurmontable. Mieux vaut en sourire et garder son humour lorsque ces mots vous assomment. Alors oui, il faut apprendre à faire différemment en trouvant des astuces pour ne pas laisser l’autre de côté. 

Apprendre à vivre à distance l’un de l’autre

J’aime nommer cela « la présence à distance », ce qui signifie recréer un espace de vie ensemble pour le couple et/ou la famille, et ce malgré les kilomètres.  Les technologies sont autant de possibilités pour satisfaire les petits comme les grands dans cette recherche de partage. Aussi, prendre le temps d’écrire peut-être un moyen de favoriser cette sensation d’être à côté de la personne aimée. Vous l’aurez compris, il y a autant de façon de faire qu’il y a de possibilités de les imaginer.

Comment réussir à maintenir le lien au quotidien ?

 Que faire lorsque le « célibat géographique » s’installe pour quelques temps ? Vous aviez repéré un cours de danse dans la rue à côté, allez-y et visionnez vos prestations pour votre moitié. Vous avez des difficultés avec un de vos enfants? Partagez-les lors d’une visio et discutez tous ensemble des problématiques rencontrées. Vous avez envie de partir un weekend avec des ami(e)s? Faites-vous plaisir et échangez ces moments en envoyant une carte postale à votre compagnon. Oui, il y aura forcément des coups de blues et des difficultés, mais je ne doute pas que votre couple et/ou votre famille peut arriver à les surmonter ensemble. L’important est également de se projeter dans l’avenir, d’envisager les retrouvailles, de réaliser les prochaines activités, d’apprécier les « petits riens » de la vie quotidienne et de penser au jour où vous serez à nouveau tous réunis et plus forts que jamais. 

Source : https://www.senat.fr/rap/r18-652/r18-6529.html#fn72

Un prochain article sur les droits relatifs au célibat géographique suivra !

Vickie pour les Aiglonnes

sur le célibat géographique avec un militaire

 

2 Comments

  • celine

    Réponse au célibat géographique

    Après 35 ans de mariage, et 3 périodes de célibat géographique, je viens de prendre la décision de rejoindre mon conjoint, au bout de 2 ans de séparation. Etant fonctionnaire, je prends une disponibilité. Et je rappelle que dans ce cas précis, je n’aurais droit à aucune indemnisation . Je vais donc vivre aux crochets de mon mari, qui lui, est ravi de me récupérer. Pour lui, fini, la chambre « d’étudiant » qui est proposé à tous ces célibataires géographiques, de plus en plus nombreux.
    Je n’ai plus envie de me battre comme je l’ai fait dans le passé pour trouver un nouveau poste. Je crois que j’ai fait une croix sur « ma vie professionnelle, très cahotique ». A quoi sert de travailler encore à 55 ans, pour finalement pouvoir prétendre à une retraite à 72 ans (étant donné les années non travaillées). J’ai travaillé aussi dans le privé et élevé deux enfants (mais ça ne compte pas pour moi). Sachant qu’en plus, mon travail a toujours passé après celui de mon mari. Financièrement et qualitativement. J’ai géré la maison, mon boulot et les enfants pratiquement seule. Ca ne compte pas. C’est normal.
    Et oui, je viens de demander une disponibilité pour suivre mon conjoint, mais aussi parce que je suis usée par tout ça. Finalement, pourquoi ne pas profiter d’un peu de temps pour moi enfin. J’avoue que j’appréhendais la réaction de mes supérieurs, comme pour un congé maternité, mais ça a été. Dans quelques semaines, je recommence une nouvelle vie, sans travail, mais avec plusieurs appréhensions sur mon quotidien, et surtout me constituer un nouveau réseau (médecins, vétos, amies …). Me suis battue toute ma vie pour mon indépendance pour finalement finir dépendante de mon mari… Il va falloir que je trouve ma place et un but, car mon but n’est pas seulement d’être le bras droit et la compagne de mon mari. J’ai une vie et ma personnalité à conserver.
    Céline

  • celine

    Ca y est, après deux années de célibat géographique, ma demande de disponibilité pour suivre un conjoint est en cours.
    Il me reste quelques semaine ai sein de mon service au ministère de la défense.
    J’ai été fière d’y avoir travaillé presque 15 ANNEES. Mais voilà, ma disponibilité ne me donne aucun droit financier. Pourtant, j’ai cotisé durant toutes ces années et c’est la 3 ème fois que je fais cette demande. A chaque fois, aucune indemnité.
    Même si les choses sont en train de changer et que théoriquement, je pourrai être aidée pour trouver un autre poste…
    Je ne trouve pas celà normal.
    Céline M.

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