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Témoignages

Les départs, une femme de militaire se confie

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Les départs, qu’ils soient pour de longues ou courtes durées ils peuvent être vécus d’autant de façons qu’il existe de conjoints de militaires. Le ressenti peut également varier d’un moment à l’autre ! On peut très bien réussir à gérer un départ et l’absence qui s’ensuit et puis totalement subir la suivante.

Quand c’est le départ de trop. Une femme de militaire se confie sur le sujet. Pour des raisons de sécurité l’article est publié en décalage par rapport à son écriture.

Se préparer mentalement

Tous les sportifs vous diront qu’une grosse échéance se prépare, et non seulement la semaine qui la précède. Une absence préparée peut être plus « facile » ( moins cata) à vivre… Mais cette fois c’est différent. Comment faire alors, pour le laisser partir une nouvelle fois, sereinement, quand en nous tout n’est que déchirement.

Comment faire quand ce n’est pas le bon moment. Quand c’est l’OPEX de trop. Lorsque l’on a l’impression de se noyer dans un tourbillon d’angoisses et de questions à l’approche de la date fatidique.

Vous avez déjà pu lire sur ce blog des articles sur « comment bien préparer un départ » « comment, avec des enfants, rendre passer l’absence plus sereine ». Cet article sera écrit plus à cœur ouvert. Ecrire, poser ses craintes sur le papier, partager ses questions cela peut procurer un soulagement. Et, je l’espère, cela permettra à d’autres inconnues, vivant la même situation, de se sentir moi seules.

« Je suis en perm, à la fin de la semaine pour les 15 jours »

Ca y est, la date est tombée. Un soir mon mari rentre en me disant cette phrase  » je suis en perm, à la fin de la semaine pour les 15 jours. Les 15 jours. Ceux prévus pour profiter à fond, faire une pause dans le quotidien, préparer le départ. Depuis que nous sommes mariés, nous n’avons pas eu les jours donnés en amont d’un départ en OPEX. (Pour cause d’incompatibilité avec leur planification.) Cette fois-ci,  nous étions certains qu’avant le départ, mon mari aurait 15 jours.

Je faisais gentiment l’autruche depuis un moment. Mon mari n’ayant pas de date de départ, nous avons laissé passer le temps. Jusqu’à ce soir. Comme ça, sans prévenir, les perms sont dans 3 jours. Donc 3 plus 15 = 18

18 jours, c’est ce qui nous reste pour nous préparer et profiter !

Je trouve que ce qui est difficile dans les jours précédents un départ, ce sont les  » dernières fois » . Elles sont utiles et salutaires une fois le militaire parti, mais ressenties comme un poignard dans le cœur. Dernier au revoir à la famille, dernière sortie, dernier gros Week-end pour marquer le coup, dernière histoire pour les enfants, dernier regard. Celui dont voudrait qu’il dure une éternité. Et pourtant, nous savons au fond de nous, qu’une fois le top départ donné, c’est un retour que l’on attend ! Si long soit il à arriver. C’est toujours « plus facile » que d’attendre un départ, enfin il me semble.

Il y a des départs de longues ou courtes durées que l’on subit moins que d’autres.

Quand ce n’est pas le bon moment

Cela nous est peut-être déjà arrivé, qu’une annonce de départ ne tombe pas du tout (mais alors pas du tout) au bon moment.

Que ce soit d’un point de vu professionnel.

On reprend le travail, un boulot en or mais pour lequel on a dit être très disponible et pas forcément en couple avec un militaire sur le départ…

On avait un projet bébé, peut-être depuis longtemps, qu’une absence si courte soit elle pourrait chambouler. (encore une fois)

On vient d’apprendre une grossesse, on vient d’accoucher…

On sort d’un burn out, on avait vraiment besoin de lui à nos cotés.

On vient de vivre un drame, la perte d’un proche…trop proche pour imaginer pouvoir remonter la pente seule.

On a des difficultés dans son couple, on vient d’en prendre conscience mais il nous faudra du temps pour aller mieux…

Non ce n’est pas le bon moment de partir, à l’autre bout du pays ou du monde !

Comment réussir à comprendre les raisons d’un départ ?

Comment comprendre que son conjoint militaire doit s’absenter pour défendre le pays ? Qu’il doit partir pour plusieurs semaines, pour combattre un ennemi invisible à nos yeux ?

Quand on traverse une période sensible ou que l’on vit une épreuve, comment accueillir cette nouvelle d’un départ qui approche.

Dans les solutions que l’on a pu trouver en couple il y a bien évidement d’en parler, de se confier. Ainsi partagé, le poids de la peine semble moins lourd à porter.

Personnellement pour comprendre et mieux vivre une absence, j’ai besoin de me rappeler les raisons du départ. « Pourquoi pars tu?  » « Pourquoi ce métier ?  » « Pourquoi se priver de ces tronçons d’année ensemble?  »

C’est un peu comme un enfant, qui tant qu’il n’a pas bien compris une réponse(ou qu’elle ne lui convient pas) qui revient à la charge. Il y a chez nous, en amont d’un départ, plusieurs « soirées pourquoi » comme on dit.

Des soirées où j’ai besoin de parler, pleurer, comprendre et réentendre les raisons de ce départ. De comprendre pourquoi il va louper les anniversaires de ses enfants, Noël, ce mariage, cette naissance. Tant que je n’ai pas compris, je redemande et c’est seulement après que je me sens un peu plus « prête » à accueillir ce départ.

Mais quand on ne réussi pas à être apaisée

Cette fois c’est la fois de trop, celle ou l’on ne réussi pas à aller de l’avant. Cette fois on l’on reste dans le déni, refusant de faire cette préparation ! Cette fois, c’est celle où les idées noires ne quittent pas nos pensées. Je peux vous dire que lors d’une fameuse soirée des « pourquoi » quand cette question est sortie, ça a jeté un froid. Mon Mari s’est à ce moment dit « ça ne va pas »

Et si tu ne revenait pas ?

J’ai depuis un moment en tête la chanson écrite pour Marie, l’épouse d’un militaire qui n’est jamais revenu

« Y’a des OPEX qui durent 1 mois, C’est pas trop long, ça ira …
Quelque soit le grade de nos maris, On rencontre toutes les mêmes soucis Mari absent et Papa parti Papa vous aime mes petits chéris
Y’a des OPEX qui durent 2 mois, C’est un peu long, on s’accrochera
On ravalera notre petite fatigue, Même s’il y en a certains qui nous dises… « Tu savais bien que ça arriverait, Le jour où tu t’es mariée… »
[…]
Y’a des OPEX qui durent 4 mois Ça use beaucoup… Mais je t’attends toi…
Pour ton retour je t’ai préparé Un p’tit week-end, juste pour s’aimer… Les enfants rêvent de t’embrasser, Et de se sentir dans tes bras serrés
Y’a des OPEX qui durent 6 mois C’est trop long et parfois je ne comprends pas
Je n’arrive jamais à communiquer, La conversation est toujours coupée N’oublie jamais ce doux baiser Je t’aime, je t’aime, je t’aime sans compter
Y’a des OPEX qui durent UNE VIE… Pour celles qui ont perdu leur mari
Et là je pense à toi Marie Quand il est parti tu attendais Votre cinquième enfant chéri. Je suis sur qu’il veille sur votre famille. Vous le retrouverez au paradis… »
A.Christos
Et si tu ne revenais pas… et si tu avais un accident…
Les questions que l’ont n’osent partager avec lui, pour ne pas lui faire de peine, déferlent alors en canon avec nos sanglots. Les mêmes questions dont on ne discutent pas forcément entre copines, celles qui dérangent ! Il y en a toujours une dans le groupe dont le conjoint est en OPEX, alors parler de son inquiétude en voyant un départ approcher peut sembler égoïste.

La peur de l’inconnue

Bien souvent, ce qui nous effraie c’est l’inconnue. Une fois domptée et familiarisée, cette chose terrifiante prend un air familier plutôt commun.
Dans ces moments si particuliers quand nous sommes au summum de la vulnérabilité, par pitié, la copine d’un civil, la tante, la boulangère, épargnez nous les  » je ne sais pas comment tu fais » « ça va passer vite, tu verras ». Juste un sourire ( ou des chouquettes offertes) mais pas ces phrases qui nous fendent le cœur.

Nos solutions

Je suis d’avance navrée, car de notre coté, nous avons surtout trouvé des alternatives plu, que des solutions.

Ces soirées du « Pourquoi » permettent de crever les abcès, de poser nos questions sans tabou ! On pleur, on se dit que ça ira , on pleur encore…Malheureusement nous n’avons pas de solution pour se rassurer par rapport à l’accident, au décès. On le sait, on en parle, c’est déjà beaucoup ! C’est bête mais ça permet aussi d’en rire et d’aborder un éventuel « après ». Et si je ne revenais pas j’aimerais…

C’est dur, ça fait mal, mais ça fait aussi du bien ! D’en parler, permet alors de « rendre familier  » cette inconnue, cette éventualité si tragique soit-elle.

On pense au beau, à ce que l’on peut maitriser

On se rappelle alors, combien on s’aime. On se redit toutes ces choses, celles que l’on aurait rêvé de dire à quelqu’un disparu trop tôt.

Quand tout s’apaise, on se concentre sur ce que l’on peu maitriser !  » On va s’écrire, on se dira tout ! On reste connecté et ensemble ». Nous profitons de la mission pour ressortir nos papiers et crayons, pour s’écrire. Des lettres, quoi de mieux pour rester connectés l’un à l’autre. Connecté profondément. On parle alors des petits rituels que l’on pourra mettre en place. Lettres, colis, petits cadeaux et attentions, les vacances, notre voyage à son retour !

Voilà, on se concentre sur ça, le beau, le simple et on fait confiance pour le reste!

Bon courage à toutes les milicopines dont le conjoint est en mission et belles retrouvailles à celles qui en voient le bout !

ps: petit dédicace aux maris des copines qui prennent soin de nous lorsque nous sommes est seules.

 

 

 

 

 

 

 

 

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