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Le célibat géographique, retour d’expérience d’une femme de militaire

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Morgane a pris le temps de nous faire son retour d’expérience de son année de célibat géographique. Maman de 2 petites filles adorables et salariée, elle essaye de mener la barque en attendant le week-end avec impatience ! Dans l’Armée de Terre, le célibat géographique est choisi par presque 16% des couples. Que ce soit pour une courte ou une durée plus longue, c’est toujours une affaire délicate à gérer.

Bien que le Plan famille met en place des aides pour facilité la mobilité des conjoints et familles, le célibat géo reste encore une solution pour beaucoup.

Je laisse Morgane nous raconter un bout de leur histoire.

L’annonce

Nous sommes le 26 février 2022, dernier jour des vacances, il est 18h30, je dépose Monsieur à la gare d’Amboise . Retour à l’école pour lui et retour au célibat géo pour moi…

Tout a commencé, il y a presque 1 an avec ce fameux appel téléphonique : « j’ai été reçu au concours O.D.S (Officier des Domaines de Spécialités), je pars un an en école à Rennes ».s
Tout est allé très vite dans ma tête : déménager/ démissionner/ changer notre première fille d’école/donner le préavis pour la maison/ changer de nourrice pour la petite… Et pour un an d’école. Avec bien sur une forte probabilité pour que Monsieur soit de nouveau muté dans la région en 2023.

Il était donc tout vu qu’avec les filles nous resterions à Amboise pour cette année et qu’il ferait des allers-retours pour les week-ends.
Il y a 4 ans nous avions déjà vécu une période de célibat géo pendant 5/6 mois. Notre première fille avait tout juste 4 mois. Cette période de célibat a été plus que difficile pour moi : jonglant entre mon rôle de maman, mon travail et surtout ma dépression post partum.
Le 23 août 2023 sonne le début des cours pour 10 mois … 10 mois à tenir avec la gestion des filles, des imprévus, de mon travail et des week-end avec terrains, des absences la semaine, des remises en question, des engueulades, des incertitudes.

Le top départ de ce marathon

L’appréhension des premières semaines était à son comble avec une première phase absence de trois semaines sans retour. Il a fallu accepter que le célibat géo c’était aussi passer les anniversaires et autres évènements seule. Apprendre à vivre seule et non pas à travers Monsieur. Je me suis promis de ne pas subir cette année et de réaliser des projets de mon côté.

Plus facile à dire qu’à faire, la fatigue prenant souvent le dessus sur tout. Nous venions d’emménager dans une nouvelle région. Je n’avais plus aucun repère, plus de soutiens et peu de contact.
En cas de problème avec les filles ou un coup de pas bien je n’avais pas de relai.

Un parcours du combattant

Depuis le départ de Monsieur j’ai la sensation de n’exister qu’en tant que maman et d’avoir oublié mon côté femme. Gérer les petits bobos du quotidien, les enfants malades, courir à droite et à gauche pour les rendez-vous médicaux.
Et la la liste est longue :
– gérer les mauvaises nouvelles
– les soirées solos
– passer la carrière professionnelle de Mr avant la mienne
– pendant les permissions : devoir réapprendre à vivre ensemble.
– Remise en question constante

Il y a quelques points positifs. J’ai beaucoup de chance d’avoir un voisinage présent et près à m’aider. Beaucoup de fois ils sont venus à mon secours pour garder une des filles, me dépanner des ouvertures de bouteilles de vins blancs. Cette période d’absence m’a aussi permis de me rapprocherde ma grande fille avec qui les relations étaient plus que compliquées.
J’ai encore du mal à mettre au point mes projets (couture, photo…) mais cet article est déjà une grande avancée tout comme mon compte Instagram avec mes photos de voyage.

Du côté des enfants

Pour les filles, l’absence du papa a eu un gros impact :

– des crises de larmes le dimanche soir,
– une peur de l’abandon.
– beaucoup de pleurs quand elles sont contrariées. Je les sens à fleurs de peau.

Afin de limiter le manque pour les filles et pour moi j’ai essayé d’instaurer quelques rituels (propre à chacun) :
– Compter avec les filles le nombre de dodos qu’il reste
– Pendant les terrains j’avais fait un calendrier avec les jours restants. Ma grande aimait cocher les cases chaque soir.
– J’ai une carte de France avec les différents endroits où papa a été cette année. Nous avons
collé des gommettes sur chaque lieux
– Il été important pour moi d’emmener les filles à l’école pour qu’elles identifient là où papa
vit et qu’elles comprennent que c’est loin et qu’il ne peut donc pas rentrer tous les soirs.
– Nous essayons de faire des visios assez régulièrement (Cela a été difficile à mettre en place
au début puisque papa n’est pas trop téléphone). Mais depuis quelques semaines les filles neveulent plus trop parler lui parler.
– Lors du retour de papa, je lui laisse la place dont il a besoin et cela me permet recharger mes batteries (repos)

Je trouve qu’il est des fois plus simple de devoir vivre une absence de 4 mois sans retour plutôt qu’une absence d’un an avec des retours saccadés. A mon avis, le célibat est un choix de vie à part.
Ce mode de vie peut être choisi pour plusieurs raisons : raisons familiales, pour conserver un emploi, pour éviter un énième déménagement.

Pour nous se sera la dernière fois

Pour ma part, je sais que ça sera (probablement) le dernier. Je suivrai Monsieur quoi qu’il en coûte (au détriment de ma carrière sûrement). Je sais que notre famille, notre couple en ressortira plus solide malgré les épreuves et les doutes que nous avons traversé ces 6 premiers mois.
Il reste 3 mois et demi de célibat géo et encore une énorme question en suspens : retour à la maison en juillet ou mutation (démission, changement d’école, de nounou, déménagement). Un éternel recommencement.
Si vous choisissez le célibat géo, mieux vaut que cela soit par choix et non par contrainte, afin d’éviter la rancœur envers votre conjoint, enfin cela n’est que mon simple avis.

Morgane

One Comment

  • Emilie

    Je viens de tomber sur ce site….et j’ai limite envie de pleurer.
    Je vis en célibat géographique depuis 2 ans…..non par choix mais par contrainte. J’ai une petite fille en garde alternée d’une première union, donc je ne suis pas mobile. Et c’est dur. Il rentre au mieux tout les 15 jours…et je m’en veux tellement par moments de trouver ça difficile. Je me sens égoïste et parfoois un peu faible quand je me plains de la situation. Je me dis que pour lui ça doit être pire….alors savoir que pour d’autres c’est aussi difficile . Je me dis que c’est peut être normal….et que je ne suis pas toute seule …
    Merci

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